J'en reviens d'abord et encore, pardons, à mon livre récent : L'infini de l'enfance (Cap Béar éditions) Comment un jury de lecteurs chevronnés (du prix Méditerranée) a-t-il pu s'intéresser à un écrit personnel, intime..? Mon frère qui est devenu le narrateur principal de cette autobiographie romancée, m'avait confié que seule la famille serait intéressée... Mon non, j'ai écrit, à partir de souvenirs réels ou imaginaires, un roman... L'essentiel : est-ce que j'ai réussi, par l'écriture, la dérision, à ne pas ennuyer le lecteur..?
Certains n'ont pas apprécié (des collègues moralisateurs), trouvant le livre scandaleux, le traitant même "d'incitation à la masturbation et à la sexualité"... D'autres (ma fille, par exemple) a aimé l'humour, même dans le chapitre controversé intitulé "le prépuce". Une amie prof de Lettres (Nicole D.) a été sensible à l'évocation des grands-parents. Un libraire (de Thuir) reste dubitatif: il n'a pas réussi à entrer vraiment dans le livre... Un écrivain (de Nyls) l'a goûté mais m'a fait remarquer les fautes d'accent sur les noms d'auteurs catalans cités: "M.B., vous n'aurez pas le prix d'excellence, cette année, à cause d'un accent..!" Mais un cousin a vivement été intéressé par les petits secrets familiaux que je révèle : c'est vrai, je règle sans doute quelques comptes...Mais ne soyons pas mesquins, là n'est pas l'essentiel, ni l'hypocrisie et la lâcheté de certains collègues "outrés" : j'ai tenté de faire un peu de littérature et tout le reste n'est que..?
En outre, revenir sur le passé, sur l'enfance première, c'est mauvais signe ! Signe que le temps a passé. Que l'on avance en âge ! Cependant je constate que des plus jeunes que moi (excusez l'euphémisme), tel ce romancier russo-franco-catalan qui, lui aussi, vient de publier son Education française : la maladie du retour vers le passé ou celle de l'ego est un mal bien partagé...
Mais, il faut rester sérieux; l'enfance est un thème riche, un univers infini, d'où le titre de mon livre L'Infini de l'enfance, que Joan-Daniel n'a pas apprécié mais que j'aime, moi, beaucoup, au contraire ! Ah! Si j'avais titré Les perthuis de l'enfance, il aurait joui...
Ce titre m'est venu, un soir de nostalgie surréaliste, en parcourant le livre qu' Aragon a brûlé et dont on a retrouvé et publié quelques chapitres (mais n'est-ce pas une légende..?) : La défense de l'infini. J'ai conservé les belles assonances dans mon titre...Infini, oui, car chacun peut se retrouver dans l'enfance et, si le style n'est pas trop mauvais, chacun peut conserver de mon auto-fiction quelques bribes de lectures, comme une invitation à se replonger dans sa propre enfance...
Quoi qu'il en soit, je lis en ce moment, à petites gorgées, car il ne m'est pas facile de lire le catalan, les chapitres, courts -un chaque soir, avant de dormir et de faire ma prière- de la passionnante autobiographie de J.-Daniel BEZSONOFF : Una educació francesa (éditions de L'Avenç- disponible à la Llibreria catalana) L'auteur nous parle de ses sept vies, de ses villes, Montpellier, Nice, Toulouse, Paris, Strasbourg, Bordeaux, Mende, Perpinyà...mais l'ouvrage s'ouvre sur "l'Algérie française", pour s'élever jusqu'à Briançon...Algérie, Hautes-Alpes, Flaublert (L'éducation sentimentale), nous avons bien des points communs, surtout la lecture, la littérature et "l'instruction", pas "l'éducation" nationale, comme il l'affirma si bien, récemment, à la télé catalane...A lire, non pour la nostalgérie, ou les perthuis de neige haut-alpins, mais simplement pour devenir un peu meilleur...
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