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Titre du blog : Can Mitrofan, el blog de Joan-Daniel Bezsonoff
Auteur : Mitrophane
Date de création : 05-03-2009
 
posté le 05-04-2009 à 23:05:17

Luis Mariano, imitateur

                                                                     

 

 

   Nous nous intéresserons aujourd’hui à un aspect très particulier du talent de Luis Mariano : ses talents d’imitateur.

Si Mariano est sans doute l’un des meilleurs chanteurs du monde, son registre dramatique nous a toujours semblé plus limité. Luis n’avait pas le talent d’acteur d’un Frank Sinatra, d’un Charles Aznavour ou d’un Dean Martin.

Ses talents d’amuseur, en revanche, ne furent peut-être pas assez exploités au cinéma. Dans le sketch des dictateurs dans Candide, Luis se révèle prodigieux de drôlerie malgré la brièveté de son apparition. Dans ses chansons, ses talents d’imitateur n’ont peut-être pas été assez soulignés. Vous vous rappelez sans doute ses imitations de Joséphine Baker et de Maurice Chevalier dans "  La valse mexicaine "

( le grand Momo inspirait décidément beaucoup de confrères, comme Charles Trenet dans " Moi, j’aime le music-hall " chanson délicieuse où j’ai toujours déploré l’absence de Luis dans la liste des " grandes gentilles vedettes " même s’il est vrai que le royaume de Luis Mariano relevait davantage de l’opérette que du music hall proprement dit.)

Malgré son accent espagnol, Luis arrive à se moquer gentiment de la prononciation des Parisiens dans "  Gabrielle "

J’ai rencontré l’autre soir

Par les plus grand des hasards

Une petite provinciale

Qui venait de son pays

Passer quatre jours à Paris

Pour découvrir la capitale… "

C’est dans la facette espagnole de son œuvre qu’apparaissent le mieux, à notre avis, ses dons d’imitateur.

Dès son premier enregistrement "  Olvídame ", Luis imite à la perfection la prononciation argentine. Dans le monde hispanique, les Argentins occupent une place à part. A cause de la forte émigration italienne, l’accent des pays riverains du Río de la Plata (l’Argentine, l’Uruguay et dans une moindre mesure le Paraguay) s’est considérablement éloigné des autres variantes de la langue espagnole. Ainsi,la phrase

Aquellos (asquejos) et non aquellos comme tous les autres hispanophones.

Dans Mi Buenos Aires querido, admirable version supérieure à celle de Plácido Domingo et de Julio Iglesias contrairement à ce qu’affirme Joëlle Montserrat dans sa pitoyable étude sur Luis, il s’amuse à reproduire l’accent de Carlos Gardel sans que son imitation n’entache l’émotion de la chanson.

 

El farolillo de la calle en que nací "

Son imitation est très convaincante selon l’une de mes amies argentines.

Après avoir épinglé les Porteños , Luis met à son tableau de chasse les Andalous à l’accent si chantant, si particulier. Dans Sueño de Andalucía , version espagnole d’ Andalousie, Luis dans toutes ses chansons imite les Andalous. Beau souci de professionnalisme ! C’est particulièrement flagrant dans "  El botijero " alias "  Le marchand d’alcarazas "

" Yo soy solamente un andalu’

Que va ba’o la luna…"  

En dehors de ses moyens vocaux prodigieux, les talents d’imitateur de Luis Mariano constituent une facette supplémentaire de son art .