VEF Blog

Titre du blog : Can Mitrofan, el blog de Joan-Daniel Bezsonoff
Auteur : Mitrophane
Date de création : 05-03-2009
 
posté le 05-05-2023 à 21:07:09

Ainsi parlait Gaston 1

 

 

 

Nul, songeait Gaston, ne pouvait obliger les Provençaux à rester provençaux s'ils ne voulaient plus l'être.

 

 

Gaston n'aimait pas qu'on appelât les membres du Conseil Constitutionnel les Sages.

 

 

Spontanément, Gaston aurait été lâche et servile avec ses supérieurs mais il ne pouvait s'empêcher de désobéir.

 

 

Gaston comprenait mieux le castillan de Cervantes que le français de Montaigne. En revanche, il lisait plus facilement Scarron que Quevedo.

 

 

Gaston connaissait mieux l'actualité des études historiques que les nouveautés littéraires.

 

 

 

 

Gaston ne supportait plus les barbarismes à la mode comme malaisant, décrédibiliser. Il détestait les tics comme du coup, genre. Il abhorrait les anglicismes inutiles comme prime time, tarmac, hold-up, être supposé et autres task-force.

 

 Gaston avait la nostalgie de l'époque où il enregistrait sur cassette les chansons que passaient dans leurs émissions Alain Poulanges et Jean-Baptiste Tuzet.

 

 Quand un inconnu disait à Gaston " On peut se tutoyer. " il répondait souvent " On peut aussi se vouvoyer."

 

 Gaston avait essayé d'expliquer le mystère de Pâques à son petit neveu Odilon. Le gamin lui demanda " Tonton, pourquoi Batman n'est pas venu le délivrer? "

 

 

 

 

Pour Gaston, le plus beau texte de Roger Nimier était peut-être sa préface des Trois Mousquetaires.

 

 

La plupart des intellectuels parisiens, que Gaston avait fréquentés dans sa folle jeunesse, avaient des origines provinciales.

 

 

Gaston aurait aimé que des auteurs de bandes dessinées redonnassent vie à Jacques Le Gall.

 

Gaston déclinait presque toutes les invitations. Il se sentait mal à l'aise en société.

 

 

 

 

Avec toutes les vestes qu'il avait reçues dans sa vie, Gaston eût pu faire concurrence à La Redoute et aux Trois Suisses.

 

 

Gaston avait toujours eu bon goût avec les femmes. Elles aussi malheureusement.

 

 

 

 

Gaston songeait à éditer une anthologie de ses aphorismes, ses apophtegmes et autres coquecigrues drolatiques mais il eût fallu qu'il trouvât un éditeur qui acceptât de publier ce keepsake sui generis.

 

 

 

 

Gaston se souvenait encore de sa joie quand il avait déniché Promesse de Pearl Buck dans une petite librairie de Besse-en-Chandesse un soir d'été en 1977.

 

 

Gaston était le fils naturel des Trois Mousquetaires et des Lettres de mon Moulin.

 

 

 

 

Gaston ne voulait pas que les siens mourussent.

 

 

 

 

Gaston se rappelait qu'on parlait encore l'occitan dans les commerces à Rouffignac en 1978 et à Saint-Lary en 1979.

 

 

 

 

En août 1979 à Saint-Lary, Gaston avait lu Les Mots de Jean-Paul Sartre, vu à la télévision Quatre jours à Paris avec Georges Guétary et rêvé devant les cuisses gainées de soie de Claudia Cardinale sur les affiches de Bons Baisers d'Athènes.

 

 

 

 

Dans sa jeunesse, Gaston n'aimait pas que les jeunes filles dont il était épris l'appelassent par son patronyme.

 

 

Pendant vingt ans, Gaston avait relu l'Éducation Sentimentale de Flaubert puis s'en était lassé.

 

 

Autrefois quand Gaston partait pour Paris, il ne visitait pas la ville mais voyait deux ou trois films par jour.

 

 

 

 

Dans sa jeunesse, Gaston avait une vive dilection pour les Antillaises puis il avait rencontré Jane Russell.Gaston était triste que certaines personnes qu'il considérait comme des amis n'eussent jamais lu aucun de ses livres.

 

 

Quoi qu'il fît, Gaston serait toujours le second. La pire des positions.

 

 

Gaston avait le vertige rien qu'en voyant une photo.

 

Gaston aimait tellement son papet qu'il apprit sa langue pour lui ressembler plus encore.

 

Gaston, parfait francophone par ailleurs, souffrait que son pays eût presque perdu sa langue pour devenir une annexe de la banlieue parisienne avec quelques teintes d'accent méridional.

 

 

 

 

Gaston n'aimait pas que, dans les films se déroulant entre 1930 et 1970, les journaux fussent d'époque et accusassent leur âge à l'écran bien qu'ils fussent censés sortir de l'imprimerie.

 

 

Si le public a toujours raison, Gaston avait tort d'écrire.

 

 

 

Gaston avait vécu un passage à vide qui avait duré 60 ans.

 

 

Quand il était petit, Gaston ne faisait pas cas de la beauté des villas de Mers-les-Bains. Il avait toujours connu la station. En revanche il s'étonnait qu'aucun guide touristique ne célébrât les splendeurs de Massy.

 

 

Gaston eût aimé écrire un livre qui fût à la fois utile et frivole.