Quarante après, j’ai relu La châtelaine de Liban de Pierre Benoit. J’en conservais le souvenir d’un roman jumeau de l’Atlantide. Dans les deux romans, un officier, muté dans une colonie française de langue arabe, s’éprend d’une jeune femme mystérieuse, reine d’un château au milieu du désert. Pris par leur passion sexuelle, « enfigats » comme l’on dit en catalan, ils renoncent à toutes leurs valeurs, à l’honneur, à leur patrie pour vivre leur amour jusqu’au bout.
J’ai retrouvé avec plaisir l’atmosphère des romans pétrobénédictins, gorgés de militaires sentimentaux, de références culturelles, de femmes fatales mais cette relecture m’a déçu.
Hormis le personnage d’Athelstane Orlof, femme moderne, panthère vénéneuse pleine de contradictions, les autres personnages m’ont paru bien fades, surtout Michelle la fiancée délaissée. Le major Hobson tire son épingle du jeu mais n’arrive pas à marquer les esprits comme M Mechref, le méhari du narrateur.
Il s’agit donc d’un roman de PB qu’on peut lire une fois par curiosité, comme une porte d’entrée dans l’univers de l’auteur mais il ne faut pas demander à cet ouvrage plus qu’il ne peut donner.
13/20 (il faut bien s’amuser)
Albin Michel, 1924, réédition de 1950.
J’y ai ai relevé ces citations.
« A Safita, un jour qu’on venait de mettre à jour une crypte, j’ai tenu entre mes mains le tibia d’un de ce extraordinaires chevaliers de la Croix. J’aurais voulu le jeter sur une des tables de conférences internationales, autour desquelles on conteste nos titres à être ici aujourd’hui. » (pages 128, 129)
« Quand on a commencé, il faut s’obstiner. Ce n’est qu’à ce prix qu’au bout de certaines folies, se trouve parfois la réussite. Le jeu en est l’exemple. Atout, atout, atout, encore atout. Oui, mais si la dernière carte qui reste en main de l’adversaire est un atout supérieur ?...Eh bien, alors, on paie, et tout est dit. » page 135
« Assez souvent, les romanciers vivent aux crochets de la réalité pour que, de temps en temps, celle-ci leur rende un peu la pareille. » page 206