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Titre du blog : Can Mitrofan, el blog de Joan-Daniel Bezsonoff
Auteur : Mitrophane
Date de création : 05-03-2009
 
posté le 05-11-2018 à 19:39:04

Gaston et la chose publique

 

    Mme Aubanel, la maman de Gaston, avait toujours professé des opinions conservatrices jusqu’au jour où son mari lui avait cassé un balai sur le dos, en l’accusant d’être coresponsable de la mort du président Kennedy.

Durant toute sa jeunesse, Gaston avait cru qu’il était de gauche. Comme tous les gens bien. Il s’était même réjoui de la victoire de François Mitterrand en 1981. Il n’appréciait pas Giscard d’Estaing, détestait Raymond Barre et méprisait Jacques Chirac. Chez Mitterrand, dont il avait Iu La paille et le grain, il aimait le mystère, l’élégance, l’alacrité intellectuelle, la culture, l’humour.

 

Progressivement Gaston finit par mieux se connaître. Il lut les romans de Robert Brasillach, déplora son exécution. Il découvrit, émerveillé, Les deux étendards de Lucien Rebatet et son Histoire de la musique. Dans la foulée, il s’intéressa à Maurras sans choir dans l’antisémitisme du maître. Comment aurait-il pu haïr des gens qu’il ne connaissait point ? Ce fut l’affaire de Nouvelle Calédonie qui l’éclaira.

 

Bien qu’il se considérât comme un indépendantiste provençal (avec ou sans le reste du midi qu’il avait du mal à appeler Occitanie) Gaston s’aperçut, honteux et piteux, qu’il désirait intellectuellement l’indépendance du Caillou mais sentimentalement il voulait que cet archipel restât français. La fréquentation des Pieds Noirs, nombreux sur les côtes de Provence, et des amis de son père, anciens de l’Indo et de l’Algérie, le convertirent anachroniquement à la cause de l’Algérie française. Gaston avait du mal à gérer ses contradictions. Faute de mieux, il avait fini par les accepter. Il avait acquis la certitude que la vérité est glissante et lui échappait souvent des mains. Gaston s’abstenait donc de toute profession de foi puisque les débats contradictoires ne servaient à rien. Depuis belle lurette, il ne votait plus sauf quand il avait des relations amicales avec un candidat. Gaston aimait les gens tels qu’ils étaient et non tels qu’il aurait aimé qu’ils fussent.