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In memoriam Roquetae

   Parmi les hommes remarquables que j’ai rencontrés, aucun ne m’a autant impressionné que Robert Lafont, le pape de l’occitanisme. Un gouffre d’intelligence, de culture, de finesse, d’esprit, d’alacrité intellectuelle. Plus les années passent, plus je suis convaincu, toutefois, qu’Yves Rouquette (Ives Roqueta) était supérieur à Lafont dont l’œuvre polymorphe me semble inégale.

J’en suis aussi arrivé à la conclusion scandaleuse que Rouquette, l’un des meilleurs écrivains occitans du XX siècle, écrivait bien mieux le français que l’occitan, la langue de son cœur, pourtant. Ce soir, je voulais partager avec vous ces quelques lignes tirées de Midis, Petite Géographie Cordiale :    

‘’ À l’heure de reprendre le train, je n’avais pas fait de conquête, ne dansant pas. Je regagnai la gare à travers des rues étroites, presque villageoises, où d’une maison sur dix sortaient des musiques de piano. Quand un piano joue dans une rue d‘Arles, ce ne peut-être qu’une jeune fille qui se trouve au clavier. L’air alors sent la laitance et le volubilis. Les martinets croisent. Le cœur se ralentit. La joie est là avec un rien de mélancolie, avec un sang présent au corps. On sait qu’un jour on sera aimé d’amour ou qu’on se fera sauter la cervelle. ‘’  

Au fond, il faut bien reconnaître que les Occitans sont très doués pour la langue française, même comme seconde langue.