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Titre du blog : Can Mitrofan, el blog de Joan-Daniel Bezsonoff
Auteur : Mitrophane
Date de création : 05-03-2009
 
posté le 04-07-2017 à 22:20:42

La tragédie de l'indépendance

                        

Version française d’un article publié en catalan dans le journal barcelonais E NOTICIES

 

          

 

 

 

   A la demande de quelques lecteurs, je vous parlerai aujourd’hui de l’histoire de l’Algérie après l’indépendance.

L’Algérie semble un personnage de la tragédie grecque, maudit dès la naissance.

Les derniers jours de l’Algérie française furent horribles. Des milliers de Français enlevés et assassinés, quelques 100.000 harkis égorgés, les attentats de l’OAS et du FLN, le massacre d’Oran (nous en reparlerons), la fusillade de la rue d’Isly à Alger. Tous ces événements obligèrent les Pieds Noirs à quitter leur terre natale dans des conditions lamentables dignes de la Retirada de 1939.

 

  L’Etat français ne les accueillit pas dans des camps de concentration, mais son hospitalité peut se mesurer à l’aune de cette déclaration de Gaston Deferre, maire de Marseille, à Paris Presse :

‘’ Français d’Algérie, allez vous faire réadapter ailleurs. Il faut les pendre, les fusiller, les rejeter à la mer…Jamais je ne les recevrai dans ma cité. ‘’

La fuite des Pieds-Noirs priva l’Algérie de fonctionnaires, d’employés, de médecins, d’agriculteurs formés, d’instituteurs, de professeurs.  Ahmed Ben Bella, premier président de la république algérienne, appliqua une politique socialiste qui ruina le pays. Le jeune président voulait bâtir un socialisme typiquement algérien, en liaison avec la France et Cuba, engager une réforme agraire, nationaliser le commerce et l’industrie tout en essayant de promouvoir l’autogestion.

 

En juin 1965, le colonel Boumédiène monta un coup d’Etat et emprisonna Ben Bella. (Le pauvre homme aura passé 22 ans sous les verrous, 8 ans dans les prisons françaises et 14 dans les prisons algériennes sans compter 11ans de résidence surveillée. N’en jetez plus…)

Avec le colonel Boumédiène, l’Algérie traverse une période grotesque et absurde. Boumédiène en voulait aux négociateurs des accords d’Evian car il aurait souhaité vaincre militairement l’armée française.’’ La victoire ne se donne pas, il faut l’arracher. ‘’ Le colonel des Caroubes (son véritable nom, Mohamed ben Brahim Boukharouba,  en arabe : محمد إبن إبراهيم بوخروبة) expropria les derniers colons français qui maintenaient encore l’agriculture et ordonna que l’on arrachât tous les orangers et toutes les vignes de la Mitijda, orgueil de la colonisation française.

 

  A propos la célèbre boisson Orangina est originaire de Boufarik, capitale de la Mititjda entourée d’orangeraies.

Pour parachever son œuvre de destruction, Boumédiène essaya d’éliminer la langue française d’Algérie en promouvant l’arabisation. Malheureusement, la plupart  des Algériens parlent des dialectes arabes très éloignés de la langue littéraire et ne comprennent pas les instituteurs venus d’Egypte ou d’Irak. Dans la logique du centralisme français, le colonel Caroube ne respecta pas la personnalité de la Kabylie, région opposée au parti unique qui se révolta souvent contre le pouvoir central quel qu’il fût. 

Mutatis mutandis, la Kabylie est la Catalogne de l’Etat algérien entreprenante, cultivée, commerciale, toujours en délicatesse avec le gouvernement, amoureuse de sa langue.

 

   Jusqu’aux années 1980, le pétrole et le gaz permirent à l’Algérie de vivoter. Le pays est l’un des plus riches du monde et ses enfants doivent s’exiler en France pour ne pas mourir de faim. L’Algérie ne manque pas de gens de talent, de grands intellectuels, d’écrivains excellents, d’une presse relativement libre, mais le pays s’enfonce dans la misère.

   Les magnifiques immeubles haussmanniens que l’on trouve encore à Alger, Oran, Bône ou Philippeville ont beaucoup vieilli. Les cages d’escaliers se remplissent d’immondices. Les ascenseurs ne fonctionnent pas. Un désastre…En 1962 l’Algérie avait plus de salles de cinéma que tout le Royaume Uni. Il en reste trois dans tout le pays…

Une guerre civile atroce a décimé la terre algérienne il y a vingt ans. L’armée n’avait pas accepté la victoire des islamistes du aux élections législatives. Les barbus se vengèrent en  assassinant leurs compatriotes bestialement. Ils violèrent, égorgèrent, brûlèrent des petis enfants dans des fours ad majorem Dei gloriam.                                                                                                                                                      L’actuel président, le sinistre Bouteflika, agonise dans son palais tandis que le peuple se demande avec angoisse qui sera le nouveau Raïs. Un général ? Un diplomate ? Beaucoup d’ économistes nous préviennent que si la situation économique ne s’améliore pas, près de 2000 000 d’Algériens traverseront la Méditerranée pour survivre.   ‘’ Quelle hécatombe connaîtrait l’Algérie si nous étions assez stupides et assez lâches pour l’abandonner ! ‘’ prophétisait le général De Gaulle dans l’Echo d’Alger du 24 octobre 1958.

En histoire, le pire est toujours possible.