Philip Kerr, Les pièges de l’exil (The other side of silence) traduit de l’anglais par Philippe Bonnet
J’aime beaucoup les romans de Philip Kerr où il met en scène Bernie Gunther, un détective berlinois qui traverse la période nazie avec une ironie mélancolique.
J’avais hâte de lire ce dernier opus se déroulant à Kœnigsberg et sur la Côte d’Azur, région où j’ai passé ma jeunesse. Je dois avouer que j’ai eu du mal à ne pas abandonner ma lecture.
Si l’auteur restitue avec truculence la figure de Somerset Maugham, ce portrait du grand nouvelliste anglais ne suffit pas à meubler le roman.
L’épisode en Prusse Orientale est de bonne facture mais j’y ai trouvé deux anachronismes gênants.
Les Allemands appelaient Pregel le fleuve qui coulait à Kœnigsberg et non Prégolia, dénomination russe . (cf page 168)
A la page 146, le narrateur évoque sa fiancée. ‘’ Imela était une fille du pays. Son père travaillait pour la Raiffesen Bank, dans Stresemanstrasse (sic), non loin du quartier général de la marine, dans le vieux port. ‘’
Malheureusement, cette rue avait été rebaptisée par les nazis. ‘’ vom Nordbahnhof nach Hardershof. Sie hieß bis 1929 Fuchsberger Allee und wurde nach 1933 in General-Litzmann-Straße umbennant. ‘’ ( Robert Albinus, Königsberg Lexikon, p. 309) Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste de l’ondonymie de Kœnigsberg ou de l’histoire de l’Allemagne pour savoir que les nazis haïssaient Gustav Stresemann et rebaptisèrent toutes les rues qui portaient son nom…
Si l’on ne peut plus faire confiance à la rigueur de Philip Kerr où va t-on ?
Oubliez ce roman ennuyeux et lisez plutôt, dans la même série, la trilogie berlinoise et l‘excellent Prague fatale.
11/20