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Titre du blog : Can Mitrofan, el blog de Joan-Daniel Bezsonoff
Auteur : Mitrophane
Date de création : 05-03-2009
 
posté le 22-01-2017 à 15:24:49

Une autre recension du docteur Roger Vétillard

Joan-Daniel Bezsonoff, L’année de Syracuse, Balzac éd., Baixas, 2016, 150p, 16€.

 

  

 

 

 

            L’année de Syracuse, c’est celle de la sortie de la chanson de Jean Sablon dont on a retenu surtout l’interprétation langoureuse d’Henri Salvador : 1962. C’est aussi la dernière demi-année de l’Algérie française, celle aussi, le 22 août, de l’attentat du Petit Clamart.

            Cet épisode a inspiré beaucoup d’auteurs, du livre d’Alain de la Tocnaye « Comment je n’ai pas tué De Gaulle », au film « Le complot » de René Gainville et surtout au bel ouvrage d’Alice Ferney « Passé sous silence ». Son histoire et le destin du lieutenant-colonel Jean-Marie Bastien-Thiry ne laissent pas indifférent.

 

C’est dans ce sillage que se situe l’ouvrage, récemment publié de Joan-Daniel Bezsonoff i Montalat. Auteur prolifique en langue catalane, il publie ici son deuxième livre en français. Plus exactement, il nous donne ici la version française d’un livre paru en catalan en 2015 sous le titre significatif « Matar De Gaulle » qui a reçu en février 2016 le prestigieux prix Amat Piniella. Il faut dire qu’il a un pied de chaque côté des Pyrénées et une histoire familiale qui est probablement passée, au moins un moment, dans l’Algérie d’avant 1962.

 

 Agréable à lire, précis, il retrace les derniers moments de l’Algérie française au travers du regard d’Alain, adolescent pied-noir de 17 ans que la mort, sous ses yeux, le 26 mars 1962, rue d’Isly à Alger de Sylviane, sa petite amie, tuée d’une balle en plein front, ne finit pas de hanter. On y retrouve toute la détresse de ces Français d’Algérie, contraints de quitter leur pays natal dans l’incompréhension des reniements et des serments trahis.

 

C’est encore l’oncle Anatole qui se rapproche, dès son arrivée à Paris, de ce que l’on désignera sous le nom du Commando du Petit-Clamart, qui, le 22 août 1962, sous la direction du lieutenant-colonel, mènera « l’opération Charlotte Corday ». On côtoie les protagonistes de cette équipée, Armand Belvisi, Alain de la Tocnaye, Marton, Sári, Buisines, Bernier, Watin et Prévost… L’auteur semble avoir pénétré l’intimité de tous ces personnages, et s’il n’était pas né après cet assaut, on ne douterait pas qu’il en ait fait partie. Il y a là un vrai travail d’historien, servi par un réel talent de conteur qui se mêle à une analyse psychologique convaincante.

C’est un vrai roman historique où tout sonne juste, où les références culturelles abondent. Un livre que tous les amateurs de bonne littérature apprécieront.