1962, L’année de Syracuse, chanson de Jean Sablon dont on a aimé l’interprétation d’Henri Salvador, l’année des derniers mois de l’Algérie française et du 22 août, jour de l’attentat du « Petit Clamart », entreprise qui a inspiré bien des auteurs, cinéastes et écrivains, comme l’ouvrage d’Alice Ferney avec Passé sous silence.
Ce fragment d’histoire et le destin du lieutenant-colonel Jean-Marie Bastien-Thiry, condamné à mort et exécuté le11 mars 1963 ne laissent pas indifférent. Joan-Daniel Bezsonoff, qui écrit le plus souvent en catalan, publie ici la version française de Matar De Gaulle. Bezsonoff a un pied de chaque côté des Pyrénées et son histoire familiale a probablement un passé d’outre-Méditerranée. Un tel livre ne s’écrit pas sans une proximité avec cette histoire.
Ce texte retrace les derniers moments de l’Algérie française sous le regard d’AlainVidal, adolescent de 17 ans frappé par la mort, sous ses yeux, le 26 mars 1962, rue d’Isly à Alger de sa peitte amie, Sylviane, assassinée par une balle tirée depuis un fusil français,vision qu’il a du mal à effacer. C’est aussi le drame des Pieds-Noirs, chassés de leur pays dans l’incompréhension des abandons et des engagements oubliés. On y rencontre l’oncle Anatole qui rejoint le commando du Petit-Clamart, pour mener«l’opération Charlottee Corday». On côtoie les protagonistes de cette équipée. L’auteur nous fait entrer dans leur intimité, et s’il n’était pas né après cet assaut, on serait assuré qu’il en a fait partie. C’est un bon roman historique qui sonne juste. Un livre qui mérite d’être lu.
docteur Roger Vétillard