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Titre du blog : Can Mitrofan, el blog de Joan-Daniel Bezsonoff
Auteur : Mitrophane
Date de création : 05-03-2009
 
posté le 30-09-2016 à 19:12:36

Article de l'Algérianiste

 

 

 

 

 

L’année de Syracuse, Balzac éditeurs, 2016

 

L’Algérianiste numéro 155 pages 110 et 111

 

 

L’auteur, trop jeune pour avoir vécu les événements qu’il relate, a, sans doute, eu recours à des sources familiales et précises, à un savoir soigneusement acquis, à un savant dosage romanesque, à son penchant pour le cinéma américain —mais pas que—à son appétit pour les langues provinciales et exotiques dont il défend l’enracinement. D’où vient qu’il nous promène, à la suite des Vidal, père, fils, frères, dans Alger et sa proche banlieue, Hussein-Dey ou El Biar, dans Perpignan et les villes de la côte. Port-Vendres ou Banyuls. Qu’il évoque un 26 mars 1962 doublement tragique pour le héros du roman, dès lors poussé à considérer que si Stauffenberg est tenu pour un saint parce qu’il a voulu tuer le Führer, d’autres ne seraient pas des assassins (assassaints ?) s’ils s’en prenaient à un Guide ressenti comme un Tyran…

L’attentat lui permet de graver des portraits à l’eau forte, d’en détailler la préparation et, mal conduite, de le clore par l’exécution du colonel, un certain Didier ou Germain, ou Max, entre les murs du fort d’Ivry où était tombé, l’année d’avant, le lieutenant de Gueldre (la particule n’est pas innocente ; il y a de Gueldre ou De Gaulle) . Ce livre passionnant s’avale en deux heures. On s’attardera volontiers sur les cinémas d’Alger (j’aurais aimé lire que le cinéma Moderne où j’avais mes entrées, rue Laurent Sintès, était juste en face de la maison de ma grand-mère) et sur les librairies bien-ou mal-pensantes de Perpignan, sur les arrivistes magnifiques du tribunal d’exception, sur les geôliers réglo mais bienveillants de la prison de la Santé.

Ce livre est traduit du catalan (le titre original Matar De Gaulle était plus explicite que L’année de Syracuse -1962) Il ne révèle pas, il confirme un écrivain d’origine russo-roussillonnaise, de nationalité française, de langue catalane de préférence, pratiquant le français et le russe, celles aussi du Pays d’Oc, plus l’afrikaans, ce qui révèle une originalité parmi les plus rares.

 

Yves Sarthe

 

 

 

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