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Le retour des Vandales

Si je ne l'avais pas vu, je ne le croirais pas. Naguère, j'allais souvent dans cette ville pour me documenter et m'imprégner de l'atmosphère, du 'genius loci.' Je n'étais pas retourné à Béziers depuis un an et j'ai eu un accès de mélancolie atroce, une rage impuissante.

Raymond Couderc —rappelez-vous le nom de ce personnage— actuel maire de Béziers, a osé ordonner la destruction du vieil hôtel des Postes, une perle néo-classique, édifiée en 1912 par l'architecte Paul Harant. Je suis monté jusqu'à la place Gabriel Péri, ex place Camille Pelletan anciennement Place de la Mairie. Les maires et les régimes se succèdent et changent le nom des rues pour essayer de laisser une trace. Sur l'ancien Plan del Mercat (le nom occitan de la place), je me suis trouvé face à face avec un tas de ruines. Berlin en 1945...

   Cet immeuble était digne de n'importe quelle capitale européenne. Un édifice essentiel à l'harmonie de l'avenue Mas et de son architecture haussmannienne.

Durant la démolition, un chat s'est caché sous la coupole. On a dû interrompre les travaux tandis que les pompiers recherchaient le matou. J'aimerais que l'âme du vieil immeuble se soit réfugié dans ce petit félin.

Des milliers et des milliers de citoyens se sont mobilisés pour empêcher la destruction de la vieille Poste. En vain. HONTE AU MINISTRE DE LA CULTURE RENAUD DONNEDIEU DE VABRES qui en 2004 donna son autorisation. HONTE A RAYMOND COUDERC, MAIRE DE BEZIERS, et à ses adjoints! HONTE A VOUS MESSIEURS! Qu'un jour vos petits-enfants aient honte de porter le nom de vandales.

John Ruskin écrivait en 1849 dans ' Les sept lampes de l'architecture ' ' It is again no question of expediency or feeling whether we shall preserve the buildings of past times or not. We have no right whatever to touch them. They are not ours. ' (La conservation des monuments du passé n'est pas une simple question de convenance ou de sentiment. On n'a pas le droit d'y toucher. Ils ne nous appartiennent pas.)